En 2000 je suis parti en Inde avec l’idée que j’allais faire un lien entre le baroque Romain que j’avais beaucoup étudié dans les années 70/80 et l’architecture de temples dans une région particulière du Karnataka où plusieurs influences se mêlent, en particulier le style des royaumes Chalukya de l’ouest et Hoysala avec leurs formes architecturales respectives.
Pasolini en son temps avec fait le rapprochement entre l’Inde du sud et l’Italie dans son texte L’odeur de l’Inde [L’odore dell’India]
Ce qu’il y a de particulier dans les temples que j’ai pu étudier, c’est le fait que les architectes expliquaient leur démarches sur les plaques de bronzes enfouies lors de leur construction, mettant en avant l’idée qu’ils maitrisaient au moins deux, voir trois styles, surtout pour les sikhara, les toitures des temples. Dans des représentations minorées sur l’extérieurs des structures ils citaient les styles dont ils se servaient sous forme de reliefs.
Sont également construits à la fin de cette période toute une série de temples de formes hybrides qu’à nos yeux s’approcheraient dans leur conception d’un post moderne de mélange de genres.
Parcourant la région j’ai pris note dans ces édifices, comment les formes s’additionnaient : à partir de dessins de profils j’ai fabriqué des montages y incorporant quelques éléments propres au baroque, puis en les travaillant avec un logiciel 3D très primitif, j’ai conçu une série de formes symétriques destinées à être réalisées par tournage en marbre et quartzite.
Cinq éléments subsistent de ces essais réalisés à Delhi, d’autres projets, plus ambitieux, avaient été mis de côté en attendant la possibilité de réalisations d’échelle supérieur. Ces derniers dessins empruntent à deux vocabulaires de formes, Indienne et Européenne des éléments en les fusionnant. C’est un de ces dessins que les Etablissements Rossi a réalisé en trois dimensions : ces très grands spécialistes de la pierre tournée ont fourni la logistique et savoir faire nécessaire, la commande de la MATMUT l’occasion de passer à l’acte.
La réalisation a été rondement menée avec des interlocuteurs qui comprenaient d’avance ce que je cherchait à faire – depuis le choix de marbre jusqu’à la qualité de finition, l’orientation du veinage par rapport à l’aplomb de la sculpture et l’implantation en fonction de la chute de lumière sous les arbres dans le parc du château de Saint-Pierre-de Varangeville.
Texte du site http://www.matmutpourlesarts.fr/lieu/parc-sculptures.aspx
Parikrama de Peter Briggs, sculpture en marbre d’inspiration indienne. « Parikrama » signifie le chemin qui entoure quelque chose en sanskrit. La rotation est implicite, à la fois dans le cheminement mental du spectateur mais aussi dans la fabrication physique de la pièce. Deux chemins se superposent, l’un physique, l’autre conceptuel qui mènent le visiteur vers la sculpture pour l’obliger par la suite à la découvrir sur 360°.