SAINT-AMAND-MONTROND, 1% ARTISTIQUE, LYCÉE JEAN GUÉHENNO

HÉTÉROTOPIES 1-7, 2010-2011 Peter Briggs

Les sept miroirs sont installés dans le lycée à des endroits stratégiques : un ensemble de six d’entre eux autour de l’espace nouvellement aménagé qui distribue le restaurant, le foyer des élèves, de l’accueil et l’administration.
Le premier, le plus visible sans doute se trouve à gauche de l’accueil, puis deux autres sont installés face à face dans l’espace entre les deux jeux de portes donnant sur l’arrière du bâtiment, les ateliers de joaillerie  et la cantine. Deux autres sont placés sur des murs qui rayonnent vers l’extérieur du bâtiment dans le foyer des élèves puis un autre à l’étage est installé près de l’entrée du centre de documentation.
Ces six miroirs sont visibles depuis le centre de cette grande espace de circulation à l’entrée du lycée. Un autre miroir, le septième, a pris place dans le puits de l’escalier à l’opposé de ces six autres, créant une articulation entre les deux étages de cette aile du bâtiment.

l’accueil

Foyer

Entre les portes

Centre de documentation

l’escalier

 

Dans le cadre du programme d’acquisition du 1 % artistique pour le lycée Jean Guehenno, l’artiste Peter Briggs propose une installation de 7 miroirs convexes qui explorent la relation entre l’optique et le tactile. En dehors de leur qualité proprement plastique, ces oeuvres se rapprochent formellement du sertissage. Fabriquées à partir de verre plat par thermoformage, c’est en se servant d’un anneau réalisé en un acier inoxydable qu’elles prennent forme. Le verre, qui est posé horizontalement sur ces anneaux devient souple lorsque le four arrive à 670°. Alors que toute la section en dehors de cette circonférence reste plat, la partie centrale tenue au-dessus d’un vide, se creuse en suivant, contraint par les contours de l’anneau. Cette configuration est très proche de la manière dont on sertit des pierres en bijouterie, à un détail près, le sertissage suit la forme de la pierre, alors qu’avec cette technique c’est le verre qui prend la forme de ce qui l’entoure. Les verres sont plus ou moins galbés en fonction du temps de cuisson : la mise en forme est suivie d’une deuxième cuisson pour assurer une bonne stabilité physique du matériau, puis les bords sont nettoyés, lissés, et les surfaces intérieures et extérieures polies pour ôter toute trace d’oxydation due à la cuisson. Et enfin le tain traditionnel à base d’argent est déposé par un miroitier spécialisé. Il en résulte des objets qui captent la lumière et la renvoient. De taille modeste par rapport à leur environnement, ils concentrent et focalisent néanmoins le regard tout comme une petite broche qui pare un vêtement. Verre épais (8 mm) découpé au jet d’eau, thermoformé et argenté. Dimensions : 650 x 670 x 80>100 cm selon les configurations Ce reflet renvoie ce qui se trouve dans son champ mais le rend variablement plastique selon la courbure du verre : pour l’artiste, il s’agit d’une extension de la tradition du modelage. Cette plasticité provoque une perturbation de la perception qui avait en son temps intéressée les peintres futuristes, Boccioni en particulier. Chaque miroir reconfigure ainsi le lieu où il est installé : si l’architecture s’inscrit dans son champ avec une certaine permanence, les changements de lumière et les passages des usagers les animent et les dynamisent. En circulant dans l’établissement, ces usagers se voient reflétés à chaque fois dans un contexte différent mais à l’intérieur d’une forme semblable. Il y a, de ce fait, une modification de regard liée à la succession et aux lieux où ils se trouvent. Le titre « Hétérotopies » fait référence au concept théorisé par le philosophe Michel Foucault en 1967, l’hétérotopie désigne la différenciation des espaces, souvent clos ou enclavés, caractérisés par une discontinuité avec ce qui les entoure.

 

OEuvre acquise dans le cadre du 1% artistique Lycée Jean Guehenno Saint-Amand-Montrond (18) Collection Région Centre Val de Loire.

Je tiens à remercier Eric Bertand, miroitier, Pierre Feller et Maureen Baiao pour le montage, Marianne Homiridis qui a coordonné le projet avec la région, Isabelle Guillaumet et Saskia Schmid et les enseignants et élèves rencontrés lors des visites autour du chantier.